Charismatique et autoritaire, Roger Lemerre a réussi ses passages partout où il est passé. Nous lui devons, d’ailleurs, la seule Coupe d’Afrique des nations que notre sélection a remportée en 2004. A 77 ans, Roger Lemerre s’est peut-être adouci avec l’âge, mais il n’a rien perdu de son aura et, surtout, de son autorité. Quand Lemerre débarque, tout le monde sait, y compris le président du club ou de la fédération, que, sur le terrain et même en dehors, il est le seul maître à bord et personne ne peut mettre son nez dans les affaires de l’équipe. Il s’est fait une solide réputation au point que sa nomination suffise pour que tout le monde rentre dans les rangs et c’est, d’ailleurs, ce qui a sauvé l’Etoile du Sahel cette saison.
Un cachet et une discipline
Les Etoilés ont démarré la saison de la pire des manières, se faisant éliminer à Sousse même par l’Espérance de Tunis en quarts de finale de la Ligue des champions. Un échec qui a plongé l’équipe dans une crise sans précédent. Chiheb Ellili, alors entraîneur, n’a pas su remettre au plus vite l’équipe sur les rails, étant dépassé par les évènements et essuyant les contreperformances. La séparation a fini par être consommée avec Chiheb Ellili et le bureau directeur a pensé qu’en recrutant l’ancien sélectionneur national, Gorges Leekens (arrivé avec un staff belge), que les choses allaient s’arranger. Sauf que Leekens n’avait pas suffisamment de charisme pour faire passer ses idées auprès des joueurs.
Il a fallu toute l’expérience de Roger Lemerre et son caractère rigide pour que la discipline s’installe dans le groupe. Pour remettre les pendules à l’heure, il fallait remporter un titre et pas n’importe lequel : la Coupe arabe des clubs champions pour son double attrait sportif et financier. Après, il fallait chercher à aller plus loin en Coupe de la CAF, mais Roger Lemerre et ses hommes sont tombés sur plus fort : le club égyptien d’Ezzamalek. L’échec en demi-finales de la Coupe de la CAF aurait pu plonger l’équipe dans la crise, comme ce fut le cas en début de saison après l’élimination en quarts de finale de la Ligue des champions, mais Roger Lemerre n’est pas Chiheb Ellili. Le technicien français a réussi à redresser la barre très vite et l’équipe a pu terminer la saison en beauté en se qualifiant en finale de la Coupe de Tunisie et en terminant deuxième au classement général avec en prime une place participative à la C1 africaine la saison prochaine.
Un revirement de situation que l’Etoile du Sahel doit à Roger Lemerre. Le technicien français a non seulement redressé la barre mais a également donné un cachet de jeu à l’équipe. Il serait judicieux qu’il termine ce qu’il a commencé.
